• " Il en était encore ainsi ce soir. En repensant aux affaires de coeur qu'elle avait eues dans sa vie (...), elle comprenait qu'elles n'avaient guère été que la consommation réciproque de deux corps avides de jouir l'un de l'autre. Il s'y mêlait parfois de la tendresse ou cet autre élément improprement qualifié d'amour, mais jamais elle n'avait eu à livrer cet affrontement silencieux, presque meurtrier, où chacun sembler s'acharner à devenir l'autre. Absurdité ? Peut-être, elle n'en savait rien, mais c'était ce qu'elle avait souvent pensé, qu'elle voulait " devenir Lui "; et elle avait l'impression, sans lui en avoir jamais parlé, que chez lui aussi un désir semblable était à l'oeuvre et que -même si cela paraissait extravagant- il cherchait à prendre possession de son corps, non pour l'avoir, mais pour "l'être". Jamais elle ne pourrait le faire comprendre à personne. Comment dire, fût-ce à sa meilleure amie, que l'on sentait à la seule pression d'une main d'homme qu'elle était mue par un désir transcendant toute possession fugitive, que cette main voulait s'emparer de son squelette, de ses épaules, de ses genoux, de ses hanches, de sa tête, de tous les points de son corps où elle était plus os que chair, comme s'il avait deviné que là se cachait son essence, que son âme résidait dans cette part dure et mécanique d'elle-même plutôt que dans les tissus les plus tendres, condamnés à disparaitre bien plus vite. Elle gardait pour elle ces sortes de pensées."

    Mokusei !, Cees Nooteboom.

    Froid, plutôt qu'une claque. L'on reste béat, devant la comtemplation des lignes inertes, rigides. Fixe. Les yeux roulent, tournent en vain les deux pages du livre, regardant, observant, jusqu'à s'enivrer de leur gout, leur odeur subtile, aux limites du déclin le plus funeste. Les mots, ces mots. Gravés. Comme si notre esprit était là, ancré, des phrases, bribes de mots cachés, là, insufflés dans le livre. Ce que l'on n'ose avouer, s'avouer presque. Tout est là, limpide. Et pourtant, cela n'aide pas. Rien ne change. Malaise -


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  • Soir. Le bus avance. Lentement. Il m'observe. La tête se détourne. Mal à l'aise. Regard vers le ciel, la nuit tombe, dégradés de bleus. Ombres. Noir (...) Bitume. Crade. Les visages désoeuvrés d'adolescents se mirent. Plat. Sourires pour faire passer. Rires étouffés. Naîfs (...) Tout tourne autour. Posée sur le fauteuil. Bien. Toujours pareil, rien ne change jamais. Enervé. Il déblatère, parle encore et encore et encore et encore. Torture mentale. Pourtant l'on sourit. Viens. Ailleurs (...) Matin. Cheveux qui rayonnent au vent, dévalant la pente sur le vélo minable. C'est splendide. On ne pense plus (...) Aucun échappatoire. Si triste. Juste son visage, à la pure perfection. Tard. L'on ne sait même plus ce que l'on dit. Les esprits se rejoignent dans un délire diffus. Lointain. Magique. Puis Tout (...) Matin. La lumière filtre à travers la fenêtre sur les corps déchirés. Plafond. Psychose, les carrés dansent dans la paleur. Air (...) Odeur âcre, celle que l'on connait par coeur. Monde ailleurs, celui pour lequel on ne voudrait que vivre. Les yeux se fondent. Reflets (...) Les nuages planant, la tête tournant. Mains. Cligne. Oui (...)

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  • Tandis que Prodigy résonne dans la minuscule pièce, étroite, trop, les premières pupilles commencent à briller. Il n'est pourtant que 9 heures. Tôt encore. Le jour a laissé place à la nuit diffuse, intrigante. Assise sur le rebord de la fenêtre -haute, beaucoup trop haute- l'on observe au loin en pensant aux autres qui sont restés. Défoncés. Alors l'on se relève et l'on se dirige vers les visages que l'on ne connait que depuis quelques minutes échangeant paroles naïves contre bouteilles à demi-remplies. Il fait chaud. Lui est mal, paupières presque closes sur le canapé déchiré. Puis sourire. Et délire continuel. Marches. Ascenseur. Voiture. Vite. Rires. Arrêt. Maison. Comme si rien n'avait été fait, l'on se retrouve, pareil, au même instant. Musique qui résonne encore. Fort. Grande maison. Ca tourne, tourne, tourne encore. L'on ne répond plus de rien. Jeux idiots. Mal au ventre. Noir. " J'ai dormi ? Oui, un peu.." Elle qui arrive. Ne sais plus comment. A vrai dire, l'on ne sait plus vraiment grand chose. Dévisse. Avale. Rebouche. Les mêmes gestes répétés jusqu'à la névrose. Puis pareil. L'on se lève. Réveille les autres. Morts. Marches. Porte. Rires. Un tombe dans l'escalier. Voiture. Vite. N'ai jamais vu cela. En cinq minutes, nous y sommes. Où ? Juste Lui. Maison que l'on ne copas. Belle. Tout semble beau ce soir. Chambre. Glauque. Pas un bruit, un silence total. Emerveillement. Posée. Regards. " Ca va ? "  Apeine le temps de répondre, comme si notre vie même en dépendait. Collés. Dans un dépouillement total de soi-même, les ongles s'enfoncent dans la peau adolescente. Mal. Un peu. Tout est si simple d'un coup. Dépossédée. Autre. Deux. Un . Les lèvres s'accrochent et les corps décharnés se font mal, jusqu'à ne plus être, jusuq'à ne plus penser. Existence brève. Extase. Comme si le but final était là, devant nos yeux éberlués devant tant de splendeur. Puis rien. Noir. Sourire. Aucun bruit. Nuit.

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  • Il fait nuit. Depuis longtemps déjà -probablement. Les vitres crades du train ne filtrant presque plus la lumière qui s'éteind derrière les immeubles et les arbres. Peu de temps avant, la crise de larmes a fait couler le maquillage, inondant les joues d'une couleur noirâtre, pourtant à présent, plus rien n'a d'importance. Ca résonne dans le sac à dos, s'entrechoque, tintant jusqu'à la névrose. Alors l'on ouvre lentement les fermetures, sortant l'objet rayonnant. Triste. Ouvre. Une main retient, la voix innonde "Plus tard.." Il est là. Le regard se fait froid, presque glauque. Alors l'on s'effondre dans les bras, dégout de soi, minable. Paroles qui ne rassurent pas, après tout, pourquoi ? Puis blanc, noir. Réveil. ... Toute la jeunesse décadente est là. Je n'ai jamais vu un spectacle aussi magnifique que celui-ci. Les bouteilles passent de main en main, tout le monde passe de peau en peau, et pourtant, ça n'apaise pas la douleur. Nez planté vers le ciel, assise dans l'herbe, Lui suivant le regard, observant. Pareil. La musique du concert résonne tandis que les effluves de bières enivrent. Les sourires sont gravés sur des visages connus ou presque pas, ça danse dans tous les coins, renverse puis non. C'est ridicule mais sublime. Alors le sourire se propage et éclaire le visage qui, il y a à peine une heure, était dans un effroi total de lui-même. La tête part en arrière et l'on observe les étoiles, Lui passant sa tête par dessus. Bien. " OSMOSE "

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